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3 points clés pour mieux gérer les euthanasies

L’euthanasie est une partie du travail d’auxiliaire spécialisé(e) vétérinaire (ASV) paradoxale puisque l’objectif premier de ce métier est de prendre soin de l’animal pour préserver sa vie. Cependant, le meilleur moyen de prendre soin de l’animal est, parfois, d’interrompre une vie qui se traduit par trop de souffrances ou une issue inéluctable. L’ASV, même si elle ne pratique pas cet acte, est au cœur du processus par les liens qu’elle entretient avec l’animal, son propriétaire et le vétérinaire. Voici quelques éléments clés pour mieux gérer ces moments parfois difficiles.

Mettre en place des procédures en interne

Lorsque les ASV travaillent au sein d’une équipe avec des collègues et un ou plusieurs ASV, le fait d’avoir décidé, en équipe, de la façon dont doit se dérouler une euthanasie au sein de l’établissement vétérinaire est un élément important. Les informations suivantes peuvent être discutées :

  • Prise de rendez-vous : à une heure préférentielle, pour plus de calme ? Durée du créneau horaire prévue ?
  • Eléments administratifs : faut-il faire signer les documents d’incinération avant ou après l’euthanasie elle-même ? A quel moment la facture sera-t-elle présentée et/ou réglée ?
  • Eléments d’organisation : l’euthanasie se déroule-t-elle dans une pièce spécifique ? La présence d’une ASV est-elle nécessaire ? Le propriétaire aura-t-il l’opportunité de rester avec son animal après l’acte ?
  • Eléments techniques : quel est le protocole médical utilisé pour pratiquer l’euthanasie ? Y’a-t-il une anesthésie ou une tranquillisation préalable ?

Le fait de définir la façon dont se déroule l’euthanasie a au moins deux effets positifs pour l’ensemble de l’équipe vétérinaire :

  • Chacun, ASV ou vétérinaire, sait ce qu’il a à faire et comment il doit le faire ;
  • Il est ainsi plus facile d’expliquer sereinement au propriétaire la façon dont se déroulera l’euthanasie de leur animal.

Bien entendu, ce cadre de déroulement de l’euthanasie peut varier en fonction de situations particulières. Ainsi, il n’est pas rare que les propriétaires arrivent en avance ou en retard lors des rendez-vous pour l’euthanasie de leur animal. Un propriétaire peut également être trop affecté pour effectuer le règlement de la facture. S’il s’agit d’un propriétaire suivi depuis longtemps au sein de l’établissement, il sera possible de lui envoyer la facture par courrier. Il faut simplement s’attendre à ces exceptions et s’adapter au mieux à ces situations.

Aider les propriétaires dans le processus de décision

Bien que les décisions d’euthanasie soient prises en général après une discussion entre le(s) propriétaire(s) et leur vétérinaire. Il n’est cependant pas rare, en particulier lors de maladies chroniques ou en cas de dégradation progressive et lente de l’animal, que l’ASV soit sollicité(e) pour donner son avis lors du processus de décision du propriétaire.

Les propriétaires peuvent se poser des questions même quelques temps après avoir fait euthanasier leur animal. L’ASV peut alors être le confident du propriétaire qui va s’interroger sur son choix ou même sur la pertinence de reprendre prochainement un autre animal. L’écoute et l’empathie seront alors vos atouts principaux pour aider au mieux les propriétaires dans ces situations.

Votre rôle sera aussi de pouvoir dépister si les phases du deuil se déroulent normalement. En effet, lors de la perte d’un être cher, l’être humain passe par cinq étapes :

  1. Etape 1 : Choc, déni : cette courte phase du deuil survient lorsqu’on apprend la perte. Le propriétaire peut alors être en colère, crier ou avoir des manifestations violentes même si ce n’est pas réellement dirigé contre l’équipe vétérinaire.
  2. Etape 2 : Colère : phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte. La culpabilité peut s’installer dans certains cas et il peut y avoir des périodes de questionnements comme se demander si l’euthanasie était le bon choix.
  3. Etape 3 : Marchandage : phase faite de négociations ou le propriétaire peut revenir sur ce qu’il a fait ou pas fait pour la santé de son animal.
  4. Etape 4 : Dépression : phase plus ou moins longue du processus de deuil qui est caractérisée par une grande tristesse, des remises en question, de la détresse.
  5. Etape 5 : Acceptation : la réalité de la perte est beaucoup plus comprise et acceptée.

Sans jouer les psychologues, l’ASV peut dépister un propriétaire qui serait bloqué dans le processus de deuil et le signaler à d’autres membres de l’équipe vétérinaire. Il peut également être utile de contacter des proches de cette personne pour s’assurer que tout va bien en cas de problème avéré. Dans tous les cas, il conviendra de conserver une attitude empathique (« Je comprends votre douleur ») et positive (« Vous avez pris la bonne décision »).

Communiquer en équipe sur ces situations parfois difficiles

En tant qu’ASV, vous pouvez vous même être affecté(e) par une euthanasie ou des séries d’euthanasies sur des animaux auxquels vous étiez parfois attachés. Il est alors important de communiquer sur ses émotions et son éventuelle tristesse. Il est bien entendu possible d’en parler à ses proches mais évoquer ses difficultés auprès des autres ASV et des vétérinaires de votre équipe est également important car ils sont forcément plus en mesure de vous comprendre.

Si vous travaillez seul(e) ou dans une équipe plus restreinte, Internet peut être un moyen de partager ses difficultés que ce soit sur des forums ASV ou des groupes Facebook réservés à la profession d’ASV. Soyez cependant prudent(e) car Internet n’est pas une zone aussi confidentielle que pourrait l’être les membres d’une équipe vétérinaire.

L’euthanasie est un moment délicat à gérer pour toute l’équipe vétérinaire. Mettre en place des procédures internes, aider les propriétaires avant et après ce moment difficile et partager ses sentiments si on se sent en difficulté sont les points clés pour mieux supporter cet acte malgré tout fréquent au sein des établissements vétérinaires.

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